L’intimidation peut survenir à tout âge, même dès la maternelle. Vous porter à la défense de votre enfant est le meilleur moyen de mettre un terme à l’intimidation.

Mon enfant de 5 ans se faisait intimider à la maternelle. Si le mot « maternelle » vous surprend, vous n’êtes pas seul. Les recherches sur l’intimidation à la maternelle sont relativement récentes, mais les études dans presque tous les pays s’entendent sur une chose : l’intimidation se chiffre à peu près au même pourcentage à la maternelle qu’aux autres niveaux du cycle élémentaire. Si ce constat semble choquant, je peux vous dire que beaucoup de parents et d’enseignants ignorent encore la gravité de l’intimidation et de ses effets sur les enfants aussi jeunes.

Comment vous rendre compte que votre enfant se fait intimider? Que pouvez-vous faire? Voici comment nous avons procédé.

Posez sans cesse des questions

Tous les parents doivent porter une attention particulière à ce que leur enfant leur dit, ou ne leur dit pas, lorsqu’ils lui demandent « Comment s’est passée ta journée? » 

Dans notre cas, tout a commencé par une amitié que notre enfant a développée au cours des premières semaines de la prématernelle. Au début, cela semblait bien aller. Nous lui demandions « Comment s’est passée ta journée » et il répondait « Bien ». 

Nous répliquions par « Qu’as-tu fait », dans l’espoir d’en savoir plus. Il finissait par nous dire que son ami lui faisait jouer le rôle du méchant lorsqu’ils jouaient aux Transformers, ou qu’il lui tirait des copeaux de bois même si mon enfant lui avait demandé d’arrêter; ensuite, il disait aux autres enfants de ne pas jouer avec le nôtre quand il voulait faire le bon dans un jeu qu’ils avaient inventé pendant la récréation à l’extérieur. Chaque fois, il nous racontait une nouvelle histoire à propos de cet enfant qui était « méchant » avec lui; de plus, il se sentait toujours triste dans ces moments-là.

Soyez vigilants

Avec le temps, nous lui avons proposé des solutions, comme parler à son ami pour lui dire comment il se sent ou lui dire « non merci » s’il n’aimait pas ce qu’il lui demandait de faire et avertir l’enseignant. Nous avons même mentionné qu’il devrait se faire d’autres amis. Malgré tout, les deux garçons finissaient toujours par se retrouver. 

Comme tout le monde, on se disait qu’il faut que jeunesse se passe et que nous avions affaire à deux garçons de prématernelle qui apprennent à développer leurs habiletés sociales. Et, cette explication nous satisfaisait jusqu’à un certain point.

Il ne faut pas nécessairement que jeunesse se passe

La moitié de l’année de prématernelle était écoulée et notre enfant était de plus en plus amer à propos de l’école et nous avons commencé à remarquer un changement de personnalité. Son humeur était beaucoup plus changeante et il se fâchait pour un rien, même à la maison et contre nous. Nous avons décidé d’avoir deux conversations, une avec les enseignants et l’autre avec les parents de l’autre enfant.

Les enseignants ont dit avoir remarqué que les deux amis avaient du mal à s’entendre et ont tenté de les aider à régler leurs différends. Les parents ont également affirmé être au courant de la situation, mais ils se sont simplement dit « il faut que jeunesse se passe ».

J’ai commencé à douter de tout et de rien, y compris de ce que mon propre fils me racontait. Nous étions peut-être trop sensibles; de plus, l’année scolaire était presque terminée et notre enfant passerait en maternelle. Nous étions convaincus que l’école ne remettrait pas ces deux enfants dans la même classe.

Mon mari et moi avons décidé de continuer de le guider lorsqu’il éprouverait des difficultés et avions hâte à l’été.

Surveillez aussi les changements de comportement positifs

Pendant l’été, notre fils a fréquenté plusieurs camps qui accueillaient beaucoup d’autres enfants de son âge. La plupart du temps, il était heureux comme un poisson dans l’eau. Aucun enfant ne lui causait de problèmes, son humeur était bonne et il avait hâte de passer en maternelle. Cela nous a rassurés; nous craignions que son humeur change, mais il s’est épanoui dans ce nouvel environnement et nous a assurés qu’il ne devenait pas un enfant problème.

Surveillez les petits changements dans les vieilles habitudes

Le premier jour de maternelle arriva. Nous avions appris qu’un des anciens enseignants de notre fils lui enseignerait de nouveau et qu’il serait dans la même classe que l’enfant avec lequel il avait éprouvé des difficultés.

Dès le premier jour, nous avons parlé au père de l’autre garçon et à son ancien enseignant de nos craintes qu’ils se retrouvent dans la même classe. Nous espérions tous que ce qui s’était passé en prématernelle ne se répéterait pas vu que les garçons avaient vieilli. Erreur, la situation a empiré. 

Parce que la plupart de ses anciens camarades de classe avaient changé de classe, Jack s’est senti de plus en plus isolé. Il n’avait que deux ou trois anciens « amis » dans sa classe et ils n’étaient pas du tout gentils avec lui.

L’intimidation a pris différentes formes. Notre garçon nous racontait comment son ami était « méchant » envers lui et à quel point ça le rendait triste. Il en a parlé aux enseignants et nous aussi, mais cela n’a rien donné.

Le problème peut être très difficile à détecter

L’intimidation prenait différentes formes; certains jours, il se faisait crier des noms, d’autres, on cachait ou lui enlevait un vêtement au terrain de jeu. La plupart du temps, l’autre garçon l’invitait à jouer avec un ami commun, mais rapidement ces jeux devenaient inconfortables pour notre enfant, comme une attaque verbale (il se faisait souvent dire : « Attention, Jack est un monstre, sauve qui peut! ») et, très rarement, une attaque physique.

À première vue, ces situations pouvaient facilement être interprétées comme une situation où l’on se dit « il faut que jeunesse se passe ». Notre fils éprouvait beaucoup d’ennuis à l’école et nous avions du mal à déterminer s’il en était la cause ou si c’était comme un arbitre au hockey qui pénalise le joueur qui riposte au lieu de celui qui a frappé en premier.

Par-dessus tout, croyez votre enfant

Après seulement un mois et demi à la maternelle, nous étions désespérés et voulions aider notre enfant, mais ne savions pas quoi faire. En fin de compte, nous avons été sauvés par la plus grosse punition qu’il a reçue.

Un jour, les deux garçons se sont chamaillés au terrain de jeu. Notre fils a mordu l’autre garçon et les deux ont été envoyés au bureau de la vice-directrice, ont été réprimandés et inscrits sur la « liste noire ». L’enseignante de notre fils semblait à bout de nerfs et ne comprenait pas pourquoi les deux étaient dans la même classe compte tenu de leurs difficultés en prématernelle. Sa note nous a indiqué qu’il s’agissait d’un autre incident de conflit de personnalité entre garçons.

Mordre est un comportement normal des tout-petits, mais notre enfant ne l’avait pas fait depuis au moins un an. La situation était grave et nous avons exigé des réponses de sa part, sachant qu’il y avait seulement deux possibilités : il traversait une période de régression comportementale grave ou quelque chose avait suscité ce geste.

Ce qui est arrivé ensuite était incroyable. Notre fils a raconté qu’il jouait avec des blocs après le repas et que l’autre garçon a littéralement sauté sur lui et est resté là même si notre fils le suppliait de se retirer. « Maman, je ne pouvais pas respirer. Je ne savais pas quoi faire, il est beaucoup plus fort que moi et je n’étais pas capable de le pousser, alors je l’ai mordu. » 

De nombreuses questions tourbillonnaient dans ma tête. Où étaient les enseignants? Pourquoi personne n’est venu à la rescousse de notre fils? Pourquoi cette partie de l’incident n’était-elle pas mentionnée dans la note de l’enseignante?

Il aurait été facile de croire ce qu’on nous a dit sans poser de questions, de punir notre fils et de passer à autre chose. Mais nous savions que ce comportement n’était pas normal et qu’il devait y avoir une raison. Lorsqu’il a compris que nous voulions seulement connaître la vérité, il nous a donné sa version des faits et le petit élément de plus qu’il nous fallait pour résoudre le problème.

N’arrêtez pas de vous défendre

Ce soir-là, mon mari et moi avons fait front commun et avons rédigé un courriel à la directrice. Nous nous sommes défoulés; nous avons décrit les mois d’intimidation dont notre enfant a souffert, mentionné le nombre de fois que nous avons abordé la question avec ses enseignants de prématernelle et de maternelle et avons accusé l’école de laisser l’intimidation continuer malgré tous nos avertissements. Nous avons défendu notre enfant et dénoncé l’intimidation. Nous avons demandé que notre enfant change de classe.

Ce matin-là, nous avons croisé le père de l’autre garçon. Les choses se sont un peu corsées; il semblait également d’avis qu’il « faut que jeunesse se passe » et que Jack avait une part de responsabilité. Quand nous lui avons raconté que son fils s’était assis sur le nôtre et qu’il l’a pratiquement empêché de respirer, le père s’est finalement rendu compte de quelque chose :

« Il fait constamment la même chose à sa sœur », a-t-il répliqué d’un air terrifié. 

C’est seulement à ce moment-là que le père de l’autre garçon a compris que nous disions la vérité depuis le début. 

Vous pouvez changer les choses

Le même jour, la directrice de l’école nous a dit qu’elle ne pouvait pas changer l’autre garçon de classe sans son consentement, mais qu’elle pourrait changer notre fils de classe si c’est ce que nous voulions. Nous avons répondu oui immédiatement.

Toute la journée, je me suis inquiétée de savoir comment notre fils réagirait. Serait-il soulagé? Est-ce ses autres amis lui manqueraient? Je me demandais s’il aurait peur de recommencer avec un autre enseignant, d’autres camarades de classe, une nouvelle salle de classe ou une nouvelle routine. Sa réaction a été totalement différente de celle que j’attendais et restera gravée à jamais dans ma mémoire.

« Je ne serai plus dans la même classe que l’autre garçon? »

« C’est ça ».

« Oui, s’il vous plait! »

C’était incroyable : vous auriez dû voir le soulagement et la gratitude qui ont envahi le visage de mon fils lorsque je lui ai dit qu’il n’aurait plus à vivre de l’intimidation et qu’il serait placé dans une nouvelle classe dès la semaine suivante. Le visage de mon fils s’est illuminé; il rayonnait! C’était comme si l’intimidation avait effacé toute sa lumière et qu’on lui redonnait une chance de briller.

À partir de ce jour-là, j’ai retrouvé le petit garçon que je connaissais et il continue de briller de tous ses feux. Son nouvel enseignant est étonné de voir à quel point notre fils a confiance en lui et que c’est un enfant fantastique.

Le meilleur moyen de vaincre l’intimidation est de la confronter

Je sais que nous avons été très chanceux. En matière d’intimidation, tous les parents n’ont pas droit à une fin heureuse. Pour un parent, c’est difficile de penser que ses enfants subissent de l’intimidation ou même qu’ils en font subir à d’autres. Ne les abandonnez pas; ils méritent tout notre amour et notre confiance. Ils méritent de briller. Bonne journée du chandail rose!

Voici un excellent lien qui m’a aidée à comprendre ce qui se passait.

https://www.education.com/reference/article/kindergarten-bullying/