Parlez-nous de votre secteur d’activité.

Je travaille dans le domaine du graphisme, de la conception graphique en mouvement, de la conception d’émissions, de la stratégie de marque et de la conception interactive. J’ai étudié les nouveaux médias à l’Université Ryerson qui est un programme de beaux-arts.

« Nouveaux médias » est une expression légèrement problématique. Du point de vue des beaux-arts, je pense que cela signifie de nouvelles formes ou de nouveaux moyens de créer de l’art, ce qui pourrait être en fait d’anciennes méthodes qui ont simplement été placées dans un nouveau contexte ou réimaginées. Alors que, dans le milieu, cela a généralement désigné les technologies numériques. Par l’entremise de ce programme, j’ai été exposé à des aspects plus traditionnels comme l’histoire de l’art, mais aussi à de nouvelles façons de créer des œuvres d’art qui incluaient la technologie numérique et la robotique.

De quelle façon la conception commerciale change-t-elle?

Les budgets sont devenus plus serrés. J’ai toujours été intéressé par des projets interactifs et expérientiels qui ont pris longtemps à devenir courants — surtout au Canada. Nous avons tenté depuis longtemps de réaliser ces projets, que des agences ou des clients ayant tendance à préférer des concepts éprouvés commencent tout juste à acheter. Mais à partir du moment où une chose a fait ses preuves, vous ne voulez pas la refaire. C’est un défi lorsque vous essayez d’être aussi créatif que vous souhaitez l’être, ou lorsque vous voulez créer quelque chose d’encore jamais vu.

J’ai toujours été attiré par le fusionnement du film animé ou diffusé conventionnel — comme les messages publicitaires — avec des projets expérientiels et de performance de mise en œuvre. Tout le monde veut quelque chose de « viral » dans l’espoir que les gens le feront circuler dans leur entourage. Vous devez vous démarquer d’une certaine façon, alors les gens vont au-delà des médias traditionnels comme la télévision et les magazines pour explorer les domaines numériques, et pour accéder ensuite à des choses encore plus bizarres.

Comment imaginez-vous que l’évolution de la technologie va influencer le processus créatif?

Du point de vue de la production, l’impression tridimensionnelle va devenir de plus en plus prisée. Tout secteur d’activité créatif peut en bénéficier — nous pouvons faire des choses pour filmer, pour nous aider à filmer des choses, des objets mécaniques qui auraient habituellement été impossibles à fabriquer. Il y a 20 ans, l’imprimante à jet d’ancre est apparue et les gens ont imprimé des photos. Nous créons aujourd’hui toutes sortes d’objets mécaniques, et la NASA expérimente même avec des fusées fabriquées par impression tridimensionnelle.

Pensez-vous que le goût des gens change au fur et à mesure que la technologie et la culture évoluent? La progression des goûts est-elle cyclique ou imprévisible?

Je pense qu’elle est définitivement imprévisible. Si vous éliminez la culture pop de l’équation, vous trouverez en tout temps un nombre infini de sous-cultures vibrantes. Nous n’en sommes simplement pas avertis, ou cela ne nous intéresse pas ou ne se passe pas dans notre partie du monde. Et puis la culture pop arrive tout d’un coup et s’installe. Pour ma part, c’est presque plus facile d’ignorer la culture pop. Je trouve des choses que j’aime sur lesquelles je me concentre très facilement.

Une chose qui a beaucoup changé est la musique. Écouter de la musique activement est aujourd’hui un acte conscient. Si nous voulons écouter de la musique, nous mettons un disque, parce qu’il vous faut le faire jouer : nous le prenons, nous le mettons en route, nous le retournons, nous le payons, nous le rangeons. C’est une activité, une expérience. Alors que si vous écoutez de la musique en ligne ou sur un MP3, cela n’a aucune valeur. C’est sans intérêt, d’une certaine façon.

Que voulez-vous que les gens ressentent lorsqu’ils découvrent votre travail?

J’aime le travail qui consiste à prendre un concept et à le tourner à l’envers; lorsqu’une chose est cassée mais belle. Je suis un grand amateur des imperfections. En art numérique, nous mélangeons des numéros dans une boîte et faisons de la lumière — ce qui est un concept fou dont vous n’avez pas conscience jusqu’à ce que l’écran de l’ordinateur s’obscurcisse ou que quelque chose se passe avec l’image. Cela vous fait complètement changer de direction. J’adore ça [les accidents] — lorsque les choses ne se reproduiront plus jamais.

Quels conseils donneriez-vous à des étudiants attirés par l’art ou la conception?

Le temps que vous passerez à l’université est le seul moment où vous disposerez de quatre années pour concevoir quelque chose pour vous et non pas pour quelqu’un d’autre. Vous avez la possibilité de réaliser ce projet, d’en discuter avec vos professeurs et avec vos camarades de classe. Mon conseil serait d’essayer simplement de tirer le meilleur parti de cette période.

Ne poursuivez pas des études immédiatement après le secondaire. Prenez une pause. Voyagez. Trouvez des idées. Cela peut paraître bête à dire, mais remettez-vous à la tâche avec une perspective, avec une voix.

Lorsque vous travaillez dans le milieu de la création, vous avez ces vagues de gens qui passent; vous évoluez parmi eux et ils deviennent vos collègues et vos contemporains. Vous vous entraidez et vous soutenez mutuellement. Trouvez ces personnes, et restez avec elles.