Carmen Kinniburgh

Ce matin, ma jeune fille de 7 ans, précoce et allumée, m’a demandé sur quoi j’écrirais pendant qu’elle serait à l’école.

Quand je lui ai dit qu’il s’agissait d’un article sur comment enseigner aux enfants la valeur de l’argent, elle m’a jeté un regard comme chaque fois que j’ai dit quelque chose de si manifestement ridicule qu’elle sentait le besoin de me remettre dans le droit chemin.

« Maman, je sais déjà tout sur l'argent : il faut en épargner, en utiliser et en donner. Tu devrais peut-être choisir un autre sujet. »

Ah, tu as raison.

Il me semble que pas plus tard qu’hier, mes enfants étaient assez jeunes pour vouloir mettre tout leur argent dans leur bouche, dans les conduits de ventilation ou dans chaque machine à boules de gomme qu’ils croisaient sur leur chemin. J’ai donc décidé d’écrire sur mon approche pour parler d’argent aux enfants en bas âge et d’expliquer que les conseils de l’experte en parentalité Barbara Coloroso m’ont aidée à amorcer le dialogue.

Comme ma fille l’a souligné, cette approche a été assez efficace. Nous avons réussi à établir une bonne base pour que nos enfants épargnent, dépensent et donnent une partie de chaque dollar qui leur tombe sous la main, souvent sans trop avoir à les y inciter.

Maintenant qu’un de mes enfants gagne son propre argent et a un compte bancaire dans lequel elle peut déposer son épargne, je me rends compte que le prochain défi consiste à leur enseigner des moyens plus pratiques d’épargner et de dépenser leur argent.

Novembre étant le Mois de la littératie financière, c’est le moment idéal pour réfléchir à nos stratégies de gestion du budget familial, à des moyens d’atteindre nos objectifs d’épargne, comme le financement des études. 

Épargne : se fixer des objectifs et établir des stratégies pour toute la famille

Personnellement, nous trouvons qu’il est plus facile de nous payer en premier. Je donne à mes plus jeunes une allocation en argent comptant afin qu’ils puissent facilement répartir leur argent entre leur tirelire ou compte bancaire et leur portefeuille, soit généralement environ la moitié du montant que je leur donne.

Le même principe s’applique à l’argent qu’on leur donne à leur anniversaire de naissance, à leurs autres cadeaux en argent comptant et au revenu de gardiennage de mon aînée : les enfants ont maintenant le réflexe de mettre une partie de leur argent de côté pour épargner avant même de penser à dépenser. Ils peuvent ensuite accéder à leur épargne pour assister à des événements ou s’acheter des articles comme des souvenirs de voyages, des jeux ou des applications qu’ils souhaitent payer en partie et même effectuer des achats importants comme le iPad que j’ai acheté avec mon fils l’an dernier.

Ma fille aînée, maintenant en 7e année, a ouvert son propre compte bancaire le jour de son 10e anniversaire et épargne petit à petit une rondelette somme. Ce qu’elle veut en faire change chaque semaine, mais le fait qu’elle s’exerce à atteindre des objectifs à long terme et à réaliser des rêves, comme se payer un voyage en avion, s’acheter une voiture ou ouvrir sa propre librairie un jour, est intéressant à regarder en tant que parent.

De mon côté, je veille aussi à ce qu’une partie de mes revenus soit consacrée directement à l’épargne. Je suis disciplinée; je dépose une partie de chaque chèque de paie dans un compte bancaire séparé en prévision des vacances, de l’impôt sur le revenu et des réparations d’urgence à la voiture ou à la maison. Mettre de côté ne serait-ce que 10 % de chaque chèque de paie fait une énorme différence en matière d’épargne à la fin de chaque année.

Mes cotisations aux régimes enregistrés d’épargne-études (REEE) de mes enfants se font automatiquement le premier de chaque mois par débit préautorisé; une stratégie simple et efficace qui m’a aidée à veiller à ce que les sommes accumulées en prévision des études de mes enfants soient disponibles quand ils en auront besoin. Les programmes comme les REEE demeurent les meilleurs moyens d’épargner en prévision des études : vous pouvez généralement ouvrir un compte avec aussi peu que 10 $ par mois et profiter de la croissance de votre épargne libre d’impôt au fil des ans EN PLUS de toucher des subventions gouvernementales.

À l’approche de la Semaine de l’épargne-études (qui se tiendra du 18 au 24 novembre) et du 20e anniversaire de la Subvention canadienne pour l’épargne-études (SCEE), nous aurions tous intérêt à revoir nos stratégies d’épargne pour divers projets comme les études de nos enfants et profiter d’excellents outils d’épargne comme les REEE.

Dépenses : travailler vers « l’autonomie »

Un enseignement qui me tient vraiment à cœur des livres sur la parentalité de Mme Coloroso est d’aider mes enfants à se sentir indépendants quant à la façon dont ils dépensent leur argent. L’idée est que nous pouvons guider nos enfants et leur inculquer la valeur de l’argent, mais nous devons ensuite leur laisser suffisamment de liberté pour qu’ils apprennent à exercer leurs réflexes financiers.

C’est assez facile sur papier, mais plutôt difficile dans la vraie vie de parent. Je grince des dents quand mes enfants me disent qu’ils veulent dépenser leur argent de poche en bibelots du magasin à un dollar ou pour ajouter un toutou en peluche à leur collection déjà bien garnie. Je ne comprendrai jamais l’utilité des minuscules figurines en forme d’appareils de cuisine ni pourquoi les enfants veulent fabriquer ou acheter encore plus de plasticine.

Par contre, lorsque mon aînée quitte l’enceinte de l’école le vendredi pour acheter un goûter avec ses amis, nous partageons souvent le coût selon un montant avec lequel nous sommes tous les deux à l’aise. C’est gratifiant de voir mes enfants aller dans des endroits comme une librairie et déterminer ce qu’ils peuvent se permettre et combien d’argent de leur portefeuille ils sont prêts à dépenser. De plus, ils participent souvent à la conversation sur ce que je peux me permettre pour manger au restaurant ou prendre part à des activités spéciales, une fois les factures et les dépenses de la maisonnée prises en compte.

En gros, j’essaie de leur inculquer comment dépenser à l’âge adulte et de les exercer à évaluer leurs choix de dépenses tandis que les conséquences sont encore limitées et les coûts faibles. En fin de compte, j’espère qu’ils auront une certaine expérience de la prise de décisions financières à leur actif lorsqu’ils commenceront à gagner leur vie et à payer des factures.

Dons : actes de gentillesse et dons de bienfaisance

Cet aspect de la gestion de l’argent est particulièrement important dans notre famille; nous croyons qu’il faut partager ce que nous pouvons avec les personnes qui en ont le plus besoin ou donner à des causes qui nous tiennent à cœur.

Parfois, c’est aussi simple que d’offrir notre argent de poche aux personnes qui demandent de l’aide dans la rue ou de faire de petits dons à diverses œuvres de bienfaisance locales qui s’annoncent aux caisses des commerces. Il arrive que mes enfants demandent des dons à une banque alimentaire ou des dons en argent pour une bonne cause pour leur anniversaire au lieu de cadeaux, habitude de plus en plus répandue parmi les amis de mes enfants.

Nous leur expliquons aussi à quel point le bénévolat pour des initiatives communautaires et scolaires est un aussi bon moyen de redonner, surtout lorsque le budget est plus serré.

Mon but ultime est que nous demeurions tous humbles et prêts à aider les autres si et quand nous le pouvons. Cela aide à contrebalancer leur désir d’épargner et de dépenser avec un sentiment de générosité et d’esprit communautaire pour un monde meilleur où il fait bon vivre.

Comme pour tant de choses dans le parcours d’un parent, ce n’est qu’un des nombreux exemples des leçons de vie que nous apprenons ou réapprenons aux côtés de nos enfants. En essayant d’apprendre à mes enfants la valeur de l’argent, je me suis trouvée à examiner de plus près comment optimiser mes propres habitudes de dépenses et d’épargne au fil des étapes de notre vie de famille.

Alors que mes enfants approchent de l’adolescence et de l’indépendance financière, je suis réconfortée à l’idée que les enfants et les adultes de tous âges peuvent toujours bénéficier d’un rappel des principes fondamentaux de la gestion de l’argent. Pour nous tous, c’est l’œuvre d’une vie et, si on s’applique, ça peut rapporter gros.

Carmen Kinniburgh

Carmen Kinniburgh est rédactrice pigiste et rédactrice en chef. Elle aborde divers sujets et idées sur la parentalité et la famille, la science et la recherche canadiennes, la santé et la médecine, ainsi que les voyages et le mode de vie. Née et élevée en Alberta, Carmen a aussi vécu dans le Sud de l’Ontario et au Manitoba, où elle a travaillé à titre professionnel dans le domaine des communications pour une université et un organisme de bienfaisance national en santé. Elle vit actuellement à Thunder Bay, en Ontario, et puise ses meilleures idées et son inspiration pour Parentwise de ses trois enfants tous plus précoces les uns que les autres.